Pensées sur la réussite d’une émigration
Lors de notre voyage exploratoire, nous avons inévitablement évoqué la question du » taux de réussite » des immigrants, notion quelque peu abstraite qui renvoie au taux d’immigrants qui restent dans la province au-delà des trois ans de l’engagement initial.
Selon les sources (certaines étant certainement mieux renseignées que d’autres), entre 30 et 70 % des immigrants français quittent le Nouveau-Brunswick au bout de ce laps de temps.
Très bien très bien.
Si c’est 30 %, c’est encourageant. Si c’est 70 %, c’est effrayant.
La province est-elle si terrible que ça ? Avaient-ils le mal du pays ? Ont-ils simplement changé de province ? Avaient-ils pour ambition d’aller de toute façon ailleurs après un temps ? Nous ne le saurons sans doute jamais…
Toujours est-il que la plupart des émigrés à qui nous avons posé la question nous ont répondu avec un certain dédain pour ceux qui partent, ceux qui « n’ont pas compris la province », « n’ont pas compris les règles du jeu », « n’ont pas réussi leur immigration »…
Je suis tout à fait perplexe devant ce mépris des personnes qui partent. Certes, on peut s’installer avec le mauvais état d’esprit, en pensant recréer l’Europe en Amérique du Nord, en jugeant la vie là-bas à l’aune de critères qui n’ont pas lieu d’être.
Mais à la base, tous les immigrants ne sont-ils pas partis de quelque part ? Parce que nous n’avons pas compris notre pays d’origine ? Ses règles du jeu ? Le constat d’échec qui s’appliquent aux migrants qui quittent le Nouveau-Brunswick s’applique-t-il à toutes ces personnes qui, un jour, ont décidé qu’elles souhaitaient vivre ailleurs ?
Vers l’infini et au-delààààààà
Sans oublier que différents lieux conviennent à différents âges de la vie : pour prendre notre cas, la grande ville, qui nous a parfaitement convenu pendant notre vingtaine, nous semble aujourd’hui étouffante à l’aube de la trentaine. Quid de notre vie à 35 ans ? À 40 ?
Quoi qu’il en soit, nous nous sommes engagés dans la voie de l’immigration en nous efforçant de garder notre ouverture d’esprit. Actuellement, la France ne nous convient plus, nous avons envie d’ailleurs. Nous espérons que le Nouveau-Brunswick nous plaira, et nous comptons bien mettre toutes les chances de notre côté à ce niveau. Mais s’il s’avère que cette province n’est pas pour nous non plus ? Alors nous reprendrons la route, heureux d’avoir vécu cette expérience et sans constat d’échec, sans penser que nous n’avons pas compris cette province.
En résumé, arrêtons de juger les immigrants qui arrivent et repartent, les personnes qui ont la bougeotte : elles se contentent de chercher un endroit où elles se sentent bien, et nous serions bien malavisés de les juger pour leur démarche.
Ça vous a plu ? Vous en voulez encore ?
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