Plaisirs sur glace
Vu de ton côté de l’Atlantique, l’hiver canadien est un monstre. Tu le juges à l’aune des hivers français : de ton côté, quand les températures plongent du côté obscur du mercure, le froid perce ton joli manteau en laine bouillie, ton pull en coton et ton t-shirt. Il s’insinue partout à la faveur de l’humidité plus importante en Europe, entrave la moindre sortie et t’empêche de faire autre chose que rester au chaud sous le plaid, le chat sur les genoux et une tasse de chocolat chaud dans chaque main. Le mercure dépasse -5°C et c’est la « vague de froid polaire ». Qu’il dépasse -10°C en plaine et c’est le chaos national, le pays est paralysé par surgélation.
Forcément, quand on t’annonce qu’au Canada, il fait allègrement -15°C et que des petits malins t’amusent à te faire avec des articles caricaturaux, tu extrapoles sur le facteur froid que tu ressens en Europe pour arriver à l’équation suivante :
si -5°C = froid glaçant et -10°C = froid ultime, alors -15°C = froid démoniaque et -20°C = froid supranégatif incommensurable.
Ne parlons même pas des températures encore plus basses, qui dépassent l’entendement pur et simple. De France, comment concevoir un -35°C, ou un -60°C (dont on nous a parlé récemment) (on avoue, -60°C, on n’y arrive toujours pas).
En gros : froid canadien = MÉGAGLA. Est-ce l’apocalypse frigorifique dont nous parlions précédemment ?
Avec des ICEBERGS sur la rivière Chocolat ?!
Et bien, ce n’est pas tout à fait ça.
Pour l’instant, notre record de froid était -25°C réels et -37°C ressentis. Ce jour-là, on a eu froid. Mais sinon, les températures tournent autour de -10/-15°C, et ça va.
On peut dire qu’il y a vraiment une différence entre le froid humide européen et le froid plus sec canadien, qui fait que Martine, malgré son titre autoproclamé mais non usurpé de « reine des frileuses », parvient parfaitement à sortir en collants fins jusqu’à -5°C. Et quand les choses sérieuses arrivent (-15 et moins), on dégaine un équipement adapté, à base de manteau en duvet, de vraies semelles et de vrais gants et de capuches rembourrées, qui fait que franchement, on n’a pas vraiment froid. Quitte à se changer au boulot, chose impensable en France, soyons honnêtes.
Et puis je ne sais pas vous, mais en France, en ville, l’hiver, on ne faisait pas grand chose. On allait boire un chocolat chaud dans un café douillet, mais pas question de sortir se balader longuement par -3°C. Tu veux qu’on attrape une pneumonie ou quoi ?
Ici, l’hiver est actif et agréable, une saison dont on se réjouit, et pas uniquement parce qu’aucun de nous deux n’a à déneiger la voiture tous les matins pour aller au boulot. L’hiver, on bouge, et quand on bouge, on a chaud, même s’il fait -15°C.
Prenons la base : la luge. On pourrait penser qu’une province aussi plate serait démunie d’opportunités de luges, mais c’est sans compter le caractère prévoyant des localités. Dieppe a donc construit une petite butte sur laquelle s’élancer avec son tapis volant en plastique (qui glisse très bien au demeurant).
Ensuite, quoi de mieux qu’une belle randonnée contemplative dans les grands espaces gelés après une chute de neige ? Depuis Noël, la tendance à l’alternance de chutes de neige et de grand soleil, ce qui est plutôt de bon aloi, qu’en pensez-vous ? Regardez un peu :
Les parcs publics se transforment pour l’occasion : là où la belle saison nous trouvions des chemins de randonnée pédestre, ceux-ci sont désormais divisés en pistes de ski de fond, chemins pour raquettes et randonnées piétonnes, dans une belle cohabitation.
Impossible de parler de l’hiver sans parler des patinoires : celles-ci éclosent un peu partout une fois janvier venu et sont surtout totalement gratuites. Dieppe pousse le vice jusqu’à offrir concert, chocolat chaud et chamallows à faire griller le vendredi soir, ce qui draine une foule hétéroclite de familles, de patineurs confirmés et d’enfants énervants par leur maîtrise de ces engins instables alors qu’ils ne font qu’ 1 m 10. Rassurez-vous : aucune chute n’est à déplorer, on prend le coup assez vite, même s’il vaut mieux venir s’entraîner le matin, lorsque la patinoire est déserte.
Et évidemment, on profite aussi du chocolat chaud dans les petits cafés de Moncton, que nos amis arrivés depuis depuis longtemps que nous se font un plaisir de nous faire découvrir. Et impossible de résister à un bon café au lait à l’érable !
Si on adore ces activités et l’ambiance si particulière que donne la neige, nous sommes loin d’avoir épuisé toutes les possibilités : à la veille de notre cinquième tempête hivernale, il reste encore à essayer le ski alpin, la motoneige, les toutous des traîneau et… le ski de fond. Martine n’en garde pas un souvenir ému suite à notre voyage de noces hivernal en Laponie, mais il ne faut pas rester sur une mauvaise impression (et Martin a bien le droit de rire de temps en temps, aussi).
Bref, l’hiver, pour l’instant, on adore !
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